Astuces pour le financement de l'agriculture au Cameroun
Une séance de tontine dans une association de femmes |
« L’Afrique est l’avenir du
monde ». Cette affirmation prend de plus en plus son sens lorsque l'on sait
son potentiel (ressources naturelles, densité humaine, terre arable,…) presque
inépuisable. Le Cameroun pour sa part, est un pays béni de part son environnement
exceptionnel: conditions agricoles favorable, une hydrographie
exceptionnelle, des ressources forestières et minières remarquables entre
autres. L’agriculture (y compris celle de subsistance, l’élevage, la pêche et
la chasse) occupe une place importante dans l’économie. Elle emploie plus de
60% de la population active et compte près de 22% de la valeur du PIB. C’est la
principale activité pour plus de 70% de la population rurale. Cette dernière
est très souvent peinée par le manque de financement. Quelques voies de
financement sont présentées dans cet article.
La problématique…
La mise en commun des bailleurs
de fond, des banques, des subventions de l’état sont entre autre les éléments
qui apportent satisfaction à une économie. Au Cameroun, l'essentiel des banques représente pour la plus part des succursales d'entreprises commerciales étrangères. Ceci
voudrait dire que la politique appliquée est celle dictée par la tutelle. Très peu sont les banques d’investissements répertoriées. En effet,
les banques au Cameroun ne sont pas beaucoup intéressées par le financement de
l’économie. Leur principal objectif, c’est de se faire des bénéfices !
Le manque de confiance dû au remboursement
des crédits, la corruption, l’incertitude du secteur agricole couplée à des
conditions climatiques que l’on ne maîtrisent pas toujours et l’aléa de
moralité sont autant de facteurs démotivant qui poussent les établissements
financiers à agir de la sorte. De plus, ces banques à travers les multiples
services qu’elles offrent (frais de gestion de compte, carte magnétique,
consultation via internet/téléphone de son compte bancaire, obtention documents
financiers pour entreprise, etc …), atteignent généralement leur objectif de
rendement. C’est en vue de proposer une alternative à ce souci que l’hors de sa
visite au comice Agropastoral d’Ebolowa en 2011, le Président de la République
annonçait quelques résolutions fortes en vue de booster ce secteur pourvoyeur
de valeur ajoutée. Entre autre, il s’agissait de créer une banque agricole
spécialisée dans le financement de projets agricoles, la banque des PME/PMI
pour développer l’industrie avec la création de centaines de postes de travail,
et, la réhabilitation des fermes semencières. Mesures salvatrices, le pays
attend depuis leurs matérialisations. Toutefois, les entrepreneurs du secteur
agricole ne restent pas pour autant sans penser des voies de contournement pour
ce qui est du financement de leur secteur d’activité.
Quelques astuces…
1 Les
tontines
Comme moyen de financement, les tontines
sont la nouvelle trouvaille des seigneurs de la terre au Cameroun. Elle est à
l’image d’une institution financière « informelle » dans laquelle un
membre peut bénéficier d’un prêt moyennant bien sûr un certain pourcentage avec
comme garanti un avarice (le garant) en vue de pérenniser son projet ou bien
d’initier un projet. Nous y retrouvons le fond de solidarité ou caisse d’aide
et la cotisation (donc chaque membre inscrit en bénéficie suivant une
périodicité bien définie). C’est un mode de financement qui prend de plus en
plus d’espace et semble se substituer
aux institutions financières.
2 L’usure
Bien qu’interdit au Cameroun, il
peut être considéré comme étant un mode de financement. Les acteurs à besoin de
financement y font très souvent recourt. Bien que très cher (pouvant atteindre
les 17-20% comme taux d’intérêt), il permet de pallier au manque de crédit
bancaire et la gestion de besoins urgents.
3 Les
organisations internationales
Ici, il s’agit de monter un
projet qui pourrait attirer l’attention des organisations internationales et
espérer bénéficier d’un financement. Toutefois, ce mode de financement ne court
pas les rues et n’excite pas beaucoup du fait du manque d’information, de
l’inexpérience en matière de montage de projet, du manque d’enthousiasme des
jeunes quant au potentiel du secteur agropastoral à leur sortir de leur
situation de chômage, entre autre.
4 Les
mutuelles de crédit
Sorte de petite micro-finance,
souvent le fruit de la conjugaison des efforts d’un ensemble d’individus qui
décide se mettre ensemble afin d’apporter de l’aide aux agriculteurs et
détenteurs de petits projets. Nous pouvons citer les mutuelles communautaires de croissance.
5 Les
dons, les fonds propres et les « mains levées »
Autre mode de financement, les
porteurs de projets agropastoraux bénéficient souvent des largesses de quelques
bienfaiteurs. L’apport ici est multiforme : il peut s’agir d’un don de
parcelle de terrain, l’offre de sa force physique dans la culture et la mise en
terre des semences ou la cueillette, des dons d’engrais et semencières entre
autres.